Google et le cerveaux du monde

12.01.2017 13:31

 

En 2002, la société Google a commencé une numérisation massive de livres à l'échelle mondiale sous un argument altruiste qui promettait l'accès à l'information mondiale, 24 heures sur 24, avec n’importe quel appareil connecté au Net. 

Afin d'obtenir les ouvrages à numériser, Google a contacté les meilleures librairies du monde et, de toute évidence, dans ce précepte de bénéficier toute l'humanité à but non lucratif, toutes ont accepté de collaborer avec enthousiasme. 

Déjà dans l'année 1937, H.G.Wells, connu pionnier de la science-fiction, avait publié une série d'essais sous le nom de World Brain prédisant l'émergence d'une encyclopédie mondiale, nouvelle, libre, efficace et permanente qui créerait une mémoire globale et complète des connaissances, des idées et des réussites de l'humanité et aiderait tout le monde à utiliser au mieux l'information universelle au nom de la paix mondiale. 

C'était une définition prémonitoire de ce que Google proposerait plusieurs années plus tard, le projet d’Internet le plus ambitieux jamais conçu. 

C'est pour ça que personne ne s’est opposé à une telle initiative quand Google a dévoilé sa proposition d’apparence noble et désintéressée. 

Toutefois, lorsque la base de données de Google avait déjà plus de 10 millions d'ouvrages, un grand nombre d'auteurs et de propriétaires du droit d'auteur de livres dans le monde entier se sont rendus compte que leurs œuvres étaient dans le réseau sans que personne ait leur donné pas même un sou en redevances. 

Plus de 60 % des œuvres que Google a publiés à ce jour ont un droit d'auteur équivalent à environ 150 000 USD au titre de droits de l'auteur de chaque œuvre que personne n’a payé. 

Les auteurs argumentent que, bien qu’à la suite des recherches il n’y ait que des passages isolés de leurs œuvres, toute personne qui connaît les mots clés les plus répétées dans un livre peut obtenir le document presque dans son intégralité. 

D'une part, Google fait valoir qu’il ne tire pas de profit du contenu dont le paiement leurs auteurs réclament et que la suppression de contenu du moteur de recherche équivaudrait à le censurer. 

En revanche, intellectuels et politiciens du monde entier tentent de mettre fin au projet à travers les tribunaux arguant que Google pourrait avoir des intentions commerciales. 

Les plus réticents au projet alertent que si toutes les connaissances de l'humanité étaient dans la base de données d'une entité privée, les êtres humains, nous deviendrions une sorte d'otages prêts à payer n'importe quel prix en échange d'information. 

Je ne crois surtout pas que cette pensée soit exagérée. 

Savants et politiciens du monde entier nous mettent en garde contre le monopole auquel Google aspire et il ne me semble pas une bonne idée que toutes les connaissances du monde soient en mains privées. 

Certaines des personnes interviewées, tels que la chancelière allemande et un ancien directeur de la Bibliothèque nationale de France, affirment que Google "n'est pas conscient de ses décisions". 

Ils font référence au droit des auteurs sur leurs travaux et aussi au droit à la vie privée de tout le monde, que Google viole continuellement. 

En 2007, le service Street View a été lancé, tout d'abord dans les États-Unis et peu de temps après dans tous les continents. 

Ainsi que la base de données mondiale, Street View a été une initiative prometteuse de Google qui s'est effondré. 

Le commissaire de Hambourg pour la protection des données et la liberté d'information a conclu que les voitures de Google étaient en train de ramasser des couriels, des photos, des chats et même des mots de passe privés des réseaux sans fils domestiques. 

L’Allemagne a déjà sanctionné Google pour cette raison à quatre reprises avec amendes d’à peu près 180 000 USD. 

Malgré tout, chacune ne représente que 0,002 % des 10 700 millions de dollars de profits encaissés par la société chaque année. 

Les libertés que Google a prises sur nos vies sont illimitées et il résulte vraiment effrayant quand on reçoit quelque publicité à propos de l’article sur lequel on est en train d’écrire précisément en ce moment-là sur l’ordinateur. 

Je considère que le but de Google est, en plus d’ambitieux, avide d’argent et que le ramassage et traitement des données de tout genre, pourvu qu’on n'empiète pas sur le droit à la vie privée, devrait être porté à terme par une ONG. 

En dehors de l'inestimable avantage qu’une compilation de toutes les connaissances de l’histoire de l'humanité au bout des doigts 24 heures représente pour moi, en tant que traductrice je pourrais m’épargner beaucoup de temps de travail. 

En tout cas, je ne payerais jamais pour obtenir des résumés, des morceaux des livres ou d’œuvres complètes sans l'autorisation de l'auteur. 

Je crois que la seule façon de se battre pour un accès libre à l’information pour tout le monde est si on se refuse à payer à toute entreprise privée de manière à éviter le monopole et le trafic d’information. 

À mon avis, les droits d'auteur sont nécessaires mais sa législation a de nombreuses nuances dignes d'une étude approfondie. 

Ils se pourraient être qui faisaient partie de l'organisation non gouvernementale responsable de la base de données mondiale, ou pas. 

 

Sources: