Squatting : condamné ou justifié ?

12.01.2017 09:39

Squatting : condamné ou justifié ?

 

Depuis l’évacuation de l’immeuble de Can Vies au quartier de Sants à Barcelone en mai dernier on’a pas arrêté d’en parlerPourtant, ce sujet n’est pas du tout facile à aborder car l'air romantique des mouvements subversifs squatters a toujours signalé un paradoxe en Espagne, où les squats existent depuis plus d’une trentaine d’années. 

Pour certains secteurs progressistes de la société, les squats constituent un nouveau mouvement social ; un cocktail d'idéologie de gauche, d’intégration sociale et d'environnementalisme. C’est à dire un espace d'intégration sociale pour les jeunes qui tombe bien. En revanche, pour d’autres, ce n’est pas possible de construire la citoyenneté depuis une position de désobéissance et de transgression. En bref, pour ce secteur de la population, ils représentent tant le sacré culot d’habiter un appart sans en payer le loyer qu’une grave menace pour l’État-providence. 

Il ne fait pas de doute que la plupart des espagnols, spécialement depuis l’éclatement de la crise, est absolument pour ce mouvement social et considèrent que les squats fournissent aux SDF un abri et une famille. Mais qu’est-ce qui se passe quand le propriétaire du squat n’est pas une banque mais, par contre, une personne physique avec une hypothèquequelle n’est pas capable de lever ? 

Malheureusement, cela est mon cas. En 2007 j’ai dû acquérir un appart parce qu’à l’époque le loyer était de plus en plus cher et acheter c’était meilleur marché que de louer. Sept ans ont passé et à présent je ne peux pas affronter les paiements mensuels de l’hypothèque ni vendre mon logement non plus parce que ma dette avec la banque est encore plus haute que ce que l’appart coûte aujourd’hui. 

Ainsi donc, grevée, sans emploi, sans pouvoir vendre l’immeuble et obligée de continuer à payer l’hypothèqueil y a quelques mois j’ai dû louer mon F2 du centre-ville avec vue sur la mer et devenir la locataire d’un grenier aux alentours de Barcelone dont je paie religieusement le loyer avec ma maigre allocation de chômage. 

Est-ce-que vous avez reçu quelque paiement des locataires de mon appart ? Moi, non plus. La seule chose que j’ai reçu de ma banque c’est une lettre me prévenant que mon compte est à découvert, que l’intérêt du découvert est 21% et que, si je continue à me refuser à payer, ils garderont l’appart et je « garderai » la dette. 

Me refuser à payer ???  En effet, j’ai déménagé parce que je n’avais pas les moyens dcontinuer à payer l’hypothèque. Je paie MON logement bien que je doive manger du riz et des pâtes pendant tout le mois, bon Dieu ! Elles sont où, les lois espagnoles? Est-ce que la seule qui existe dans ce pays c’est celle du plus fort ? Moi, qui jusqu´à récemment avais bossé pendant toute ma vie, je dois tout payer même s’il ne me reste pas d’argent pour bouffer. 

Cependant, à présent chez nous il y a beaucoup de jeunes gonflés qui n’ont jamais travaillé et la seule chose qu’ils font dans la vie c’est de se plaindre de ne pas trouver d’emploi. D’ailleurs, ils s’en justifient en disant qu’ils ne trouvent pas d’emploi parce qu’ils ont dû arrêter leurs études et que, en tout cas, ils n’ont pas la cervelle pour bûcher non plus. Alors, en tant que des pauvres exclus sociaux qui proviennent des quartiers défavorisés, ils exigent au Gouvernement de les aider à perpétuité et si les institutions ne leur offrent pas de logement gratuit ils en prennent euxmêmes. 

D’après moi, il serait intéressant que les pouvoirs publics puissent se rendre compte de l’inefficacité tant de leurs lois que de leurs politiques publiques et reconsidèrent qu’il y a un fossé entre l’égalité et la justice. Certes, il est exact que tout le monde a le droit à un logement décenttoutefois, ce n’est pas du tout juste que les travailleurs paient pour les « exclus » qui au lieu de s'intégrer choisissent de vivre dans des guettos « culturels » en bénéficiant gratuitement de logement dans des villes avec tous les services que l’État-providence, supporté par les impôts qu’ils critiquent fermement et refusent de payer, leur fournit.